lundi 21 mars 2011

Soutien aux victimes du séisme et du tsunami



            Suite à la catastrophe au Japon, je suis rentrée en France pour un mois. Il s’agissait pour moi avant tout de rassurer ma famille ; et de plus, continuer mes recherches comme si  de n’était semblait hors de propos pour les prochains jours. J’ai donc choisi d’interrompre mon terrain pour un mois, je rentrerai le 14 avril. 

            Les media se lassent de la situation, qui n’évolue pas. On va en entendre de moins en moins parler dans les jours qui viennent, mais le problème sur place est loin d’être réglé. Il faudra des années pour reconstruire la région du Tôhoku dévastée par le tsunami. Mais en ce moment même, ce sont des centaines de milliers de Japonais qui n’ont plus de toit, pas de chauffage, peu de nourriture. La situation sur place est encore en train de se dégrader, par manque de soins aux victimes. Il est urgent de les aider.

            Que peut-on faire ? 

            Les dons de sang provenant d’Européens ne seraient pas acceptés pour raisons sanitaires ; quant à être bénévole pour aider sur place, les problèmes logistiques sont énormes : pas d’essence, pas assez de nourriture pour tout le monde.
           La seule possibilité d'action donc : envoyer de l'argent. Les organisations caritatives remarquent que la solidarité pour le Japon se fait bien plus mince que celle survenue spontanément suite, par exemple, au séisme en Haïti. Le Japon a une image de pays riche, et cette image lui nuit : les gens sont réticents à donner. Aucun spot à la télévision, aucune campagne de masse pour recueillir des dons. Or, les organisations comme la Croix-Rouge ont besoin de moyens, pays riche ou pas, pour pouvoir porter secours aux populations.

            Pour faire un don, vous pouvez passer par le site de la Croix-Rouge française : 


            Ou si vous préférez, donner directement à la Croix-Rouge japonaise. L'ambassade du Japon en France donne les coordonnées de ses comptes ici : 


            Les initiatives artistiques semblent éclore un peu partout. Vous pouvez notamment acheter aux enchères des dessins sur ce site : http://cfsl.net/tsunami/ . Les bénéfices seront reversés à Give2Asia, pour les victimes du tsunami.

            Enfin, une chanson de Fool&Scissors, un groupe dont j’ai déjà parlé ici, et que j’ai vu en concert plusieurs fois à Tokyo. Dans le noir des coupures d’électricité, ils ont écrit une chanson, qui dit qu’ils sont en vie. Un message d’espoir simple et dépouillé : « on est en vie », et c’est ça le principal. 


dimanche 6 mars 2011

"Tokyo Freeters", les travailleurs précaires au Japon

Il y a un mois, Arte a diffusé un documentaire intitulé « Tokyo Freeters » (2010, réalisé par Marc Petitjean) qui décrit le quotidien de deux millions de Japonais : les « freeters ».
Contraction de l'anglais «free», "libre" et de l'allemand « arbeiter », "travail", ce néologisme des années 1980 désigne à l’origine de jeunes Japonais qui, pour ne pas s’enfermer dans un travail aliénant en entreprise, avec heures supplémentaires et hiérarchie insupportable, choisissent d’aligner les petits boulots, pour un style de vie plus flexible et qui laisse plus de place au temps pour soi. J'en avais déjà un peu parlé avec le drama "Freeter, ie wo kau".

Le problème, c’est qu’aujourd’hui, en 2011, être freeter est rarement un choix. Avec les crises économiques successives, les entreprises japonaises ont été fort aises de pouvoir embaucher des travailleurs précaires pour des salaires ridiculement bas. Le travail temporaire, à temps partiel, sans garantie, s’est donc répandu et représente aujourd'hui, d'après le documentaire, 34% du marché du travail. A titre de comparaison, en France, c’est 13%.

Il est très facile de devenir freeter. Le chemin normal pour un Japonais qui peut faire des études, c’est de chercher un emploi en 4ème année d’université, d’avoir une promesse d’embauche, et d’intégrer une entreprise. Si on loupe une marche, ou si le premier job ne plaît pas  et qu’on veut en changer, l’alternative est souvent de prendre le premier job temporaire qui passe. Et après, les grandes entreprises ne veulent plus de vous. Vous êtes un freeter.

Être freeter, c’est avoir à peine de quoi vivre : et quand on a de quoi manger, on n’a parfois pas de quoi se loger. Le documentaire montre un jeune homme qui dort dans des cybercafés, mais j’en ai aussi connu qui habitent à l’année dans des guesthouses à 12 personnes par « chambre ».

Être freeter, c’est ne pas voir l’avenir suffisamment loin devant soi pour fonder une famille. Quand le gouvernement japonais bombarde les femmes enceintes de primes pour enrayer la dénatalité, il pourrait aussi voir le problème sous cet angle... 

Être freeter, c’est être doublement stigmatisé : ceux qui ne font pas partie d’une entreprise ne sont pas reconnus comme membres à part entière de la société. Ils font partie des «losers». Mais en plus, la vague des freeters étant au départ teintée d’hédonisme, leur image est très dévalorisée. Ils sont vus par les media, et par leurs parents, comme des feignasses qui ne veulent pas travailler, qui ne participent pas à l’avancée économique du pays, qui vivent égoïstement pour leur propre plaisir… Alors qu’ils ne font en grande majorité que subir la situation. On leur dit que c’est de leur faute, en gros.

Accablés par l’opinion commune, ils sont peu nombreux à se rebeller, à revendiquer des droits ou des salaires plus élevés. Le documentaire montre les initiatives de certains : syndicats de freeters, manifestations, associations de magasins « alternatifs » à Kôenji (quartier de Tokyo) : boutiques de récup’, bars, etc. Une jeune auteure activiste, Karin Amamiya, passe (un peu) à la télé, écrit des manifestes de cette jeunesse qui ne veut plus se faire écraser et culpabiliser. Elle a, d’après le documentaire, contribué à remettre au goût du jour le roman prolétarien de 1929  «Le  Bateau-Usine », de Kobayashi Takiji, qui décrit la vie de pêcheurs de crabe surexploités qui se révoltent contre leurs employeurs. Comme un écho à la situation d’aujourd’hui, de 5000 exemplaires vendus par an en moyenne, on approcherait aujourd’hui le million de ventes par an.

Le documentaire interroge les solutions, les portes de sortie : un nouveau style de vie ? Oui, mais lequel ? Être pauvre, et c’est tout ? Réinventer la société, comment ? Dans la société japonaise où une seule voie, tracée toute droite, est considérée comme légitime, ceux qui empruntent les chemins de traverse se font de plus en plus nombreux. Cependant, les manifestations restent faibles, et la visibilité des mouvements de révolte est mineure.La prise de conscience a encore une ampleur très réduite. 

Même si ce documentaire a des défauts, fait des raccourcis un peu rapides (la société japonaise serait si compétitive que personne n’aurait jamais confiance en personne... faut quand même pas exagérer), allez le voir si vous le pouvez. Il sera diffusé à la Maison de la Culture du Japon à Paris le 16 mars à 21h ( 101 Bis Quai Branly, Métro Bir-Hakeim). Sinon, on le trouve sur Internet… en cherchant, quoi.


Si vous voulez en lire plus :


mercredi 2 mars 2011

Des sushi faits maison... instantanés

Si vous avez une bonne mémoire, vous vous rappellerez peut-être d'une publicité qui passait en France il y a environ dix ans, pour les produits "Rapid'Asgerges" et "Fast'huîtres": des asperges en tube et des huîtres en spray, prêts en cinq minutes. Passé la première minute de dégoût, on se rendait compte, qu'en fait, c'étaient -heureusement- de fausses pubs qui dénonçaient les produits non-naturels, reconstitués chimiquement, édulcorés...

... et bien, apparemment, les Japonais ont inventé le "rapid'sushi" et "fast'maki", sauf que cette fois c'est pour de vrai! Un peu d'eau, quelques sachets de poudres colorées, on mélange, et c'est prêt! Le meilleur (?!), c'est que le résultat est un produit tout à fait comestible!




Bon, en fait, c'est un genre de jouet pour les enfants et apparemment ça a goût de bonbon (j'ai pas été vérifier personnellement). N'empêche qu'entre ça et les instanto râmen, j'espère que les petits Japonais ont par ailleurs une bonne éducation gastronomique. Faudrait pas qu'ils finissent par nous pondre sérieusement des vrais rapid'asperges dans quelques années.

Bonus: rapid'asperges et fast'huîtres