dimanche 13 février 2011

Sazae-san


Que faire un dimanche soir à 18h30 ? Au Japon, on ne se pose pas la question : tout le monde regarde Sazae-san! Comment ça vous ne connaissez pas Sazae-san ?



Il s’agit d’un dessin animé, connu de tous les Japonais, et diffusé depuis 1969 tous les dimanches à la même heure. Une grande partie des foyers japonais sont donc branchés sur Fuji Terebi à ce moment et regardent religieusement les aventures de Sazae et de sa famille. C’est un moment qu’il ne faut pas louper (en général on le loupe pas vu que juste avant, il y a Chibi-Maruko chan, qui est un autre dessin animé rituel du dimanche soir, mais bon je l’aime moins donc j’en parlerai pas).


Créé par la dessinatrice Hasegawa Machiko (1920-1992), Sazae-san a d’abord été publié dans des journaux papiers : un journal local dès 1946, puis le Asahi Shimbun (l’équivalent du Monde), jusqu’en 1974. Il a été adapté en 1969 et ce sont, depuis, plus de 6000 épisodes qui ont été diffusés à la télévision. C’est toujours en cours, avec trois nouveaux épisodes par semaine, sans rediffusion.

Sazae-san est une jeune femme d’une trentaine d’années, et le dessin animé raconte les aventures qu’elle vit en famille : en effet, elle habite avec ses parents, son petit frère Katsuo et sa petite sœur Wakame, mais elle est aussi mariée et a un fils de 3 ans, Tara-chan. Tout ce monde habite sous le même toit… à l’époque à laquelle l’histoire a été créée, c’était le tout début des familles nucléaires au Japon (quand un couple habite seul avec ses enfants, sans la génération au-dessus). Le dessin animé a donc d’emblée été placé sous le signe d’un Japon en train de disparaître, celui des familles  élargies qui cohabitent. Rien d’étonnant non plus à ce que le mari de Sazae-san soit venu vivre chez sa femme et ses beaux-parents : cette pratique du « gendre adopté » se faisait beaucoup au Japon jusqu’aux années 50.

D’après Wikipédia, les histoires centrées sur Sazae dans le comic de départ présentent une femme émancipée et même féministe : une vision assez moderniste au Japon donc. C’est peut-être vrai, je n’ai pas lu la version papier. Cependant, dans ce que je vois tous les dimanches à la télévision, c’est le charme suranné d’une vie japonaise d’un autre temps qui transparaît. Les épisodes mettent en scène la vie quotidienne des 7 membres de la famille, sans oublier le chat. On voit leur vie de quartier, avec les voisins. Les intrigues sont d’une simplicité déconcertante, et se déroulent dans une bonne humeur paisible. La famille prend ses repas ensemble, tous assis par terre autour d’une table basse. Les hommes vont au travail, les femmes font à manger. Le respect des aînés est mis en avant, d'ailleurs le petit Tara-chan ponctue toutes ses phrases de -desu (normal, c’est le plus petit, il doit être poli avec tout le monde), même dans des phrases où ça ne veut rien dire du tout.



Le plus frappant, c’est que depuis 1946 les personnages n’ont pas vieilli. Et le Japon qui leur sert de décor n’a pas bougé. Le contexte historique est complètement mis à l’écart, peu d’éléments pourraient permettre de dire à quelle époque se déroule l’action. En tout cas, vous ne verrez aucun téléphone portable, et Sazae-san ne surfera jamais sur Internet.


C’est désuet, c’est mignon, et c’est aussi un peu tartouille : il n’y a qu’à voir les paroles du générique, qui disent entre autres « Tout le monde rit, le soleil aussi rit, lulululu, aujourd’hui aussi il fait beau ! ». En bref, un gros bol de nostalgie… Dans lequel les téléspectateurs japonais plongent en masse chaque dimanche soir. 

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